· 04/06/2025
début juillet cette année, je fêterai mes deux ans sous t, j'ai eu 25 ans le 17 mai dernier. j'ai l'impression qu'il était temps que je m'assoie pour réfléchir un peu. j'ai griffonné quelques mots dans mon carnet. les voilà grosso merdo.
plus je vais dans ma direction - je dis ma car elle me semble être la bonne pour moi - plus j'abandonne mes propres labels.
ceux-là même que j'ai si longtemps utilisés comme carapace pour multiplier les intermédiaires entre le monde et moi.
maintenant que j'ai une barbe et une moustache, ma sexualité n'a plus de nom, mes pronoms n'ont plus tant d'importance.
je n'aime pas l'identité, de toute façon je n'existe pas seul dans un néant. j'étais de gauche avant d'être trans, j'existe en relation toujours avec les autres.
j'explose en permanence au contact des autres.
pour mes camarades je suis transpédégouine. pour celleux qui m'insultent
eh gros sayer
j'ai des poils au menton si tu fais pas d'effort c'est toi qu'es ridicule.
je ne préviens pas je fais des blagues sans élaborer. je suis fatigué de devoir m'annoncer partout comme si c'était mon job.
je me situe par mon visage par mes pratique amoureuses et sexuelles et par ma classe et par ma race. amour dit : en socio de toute façon, c'est pas toi qui décides qui tu es, c'est le regard des autres sur toi. un peu. ça me parle, je lâche du lest, un peu. je tire moins sur la corde, ça me brûle moins les mains.
je n'aurai plus de principes parce que les principes étouffent et culpabilisent quand on les romp.
ma boussole morale et éthique, c'est pas les labels que j'ai choisis quand j'étais petit auxquels je veux coller maintenant. c'est le soin.
mon nom est officiel et déclinable c'est comme tu veux. je lâche prise depuis que j'ai une moustache. j'ai pas envie de me battre pour ça, j'ai plus à défendre. je me moque de comment on m'appelle je suis matérialiste ou presque. je veux plus être individuel. je ne veux plus être libéral. acheter des stickers avec mes drapeaux. je n'ai plus de drapeau. je suis collectif, symbiose forcée. ça me va. je veux me frotter aux autres dans les manifestations, parler avec des gens loin de moi. je veux plus mariner dans mon entresoi. j'veux grandir, grandir, être au monde.
j'pense souvent à cette histoire du lapin qui livre ses congénaires aux loups dans l'espoir d'être sauvé. mais à la fin, ils viennent quand même pour toi. j'en croise trop des lgbt+ libéra·les respectables qui cancelent à tour de bras. en fait moi je suis pas respectable, mes potes sont pas respectables, je veux réfléchir pour le mieux c'est tout.
j'suis plutôt en colère en fait.
peut-être je me permets de dire ça maintenant que je passe à peu près. j'ai pas tout gagné.
je n'ai pas la réponse aux questions. je dis à jamais
